Fonds Abeni
- Ce fonds d'archives illustre la trajectoire d'une famille juive originaire de Constantinople (Istanbul), installée à Paris dans les années 1920.
Originaires de Constantinople (Istanbul), les huit frères et sœurs Abeni émigrent tour à tour à Paris avec leur mère Ester Sabah (1869-1964), entre 1923 et 1925, après la mort de leur père Nissim Abeni (1865-1921).
Une part importante des archives conservées dans ce fonds concerne Rachel, benjamine de la fratrie, brillante élève formée à l'Alliance israélite universelle de Constantinople et depuis longtemps francophone. Arrivée à Paris en 1925, diplômée en chirurgie dentaire en 1936, la jeune femme peine cependant à exercer avant 1948, date de sa naturalisation. Des documents officiels ainsi que sa correspondance témoignent de son difficile parcours professionnel, de ses efforts d'intégration et d'émancipation. Une importante correspondance privée illustre par ailleurs son rapport distant aux traditions et à la religion, et ses difficultés à s'affranchir de sa famille. Les huit enfants et leur mère avaient emménagé dans un appartement de la rue de Châteaudun à Paris, qu'ils occupèrent jusqu'à la fin de leur vie.
Les archives concernent également, dans une moindre mesure, les sept autres membres de la fratrie et leur mère. Un ensemble de documents évoque la période de la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle les aînés, Sabetay et Hayim (marchand de textile puis représentant commercial en métropole et au Maghreb), sont l'un après l'autre internés à Drancy et déportés à Auschwitz où ils meurent en 1942. Leur frère Izak (Gérard) échappe à la déportation.
Après la guerre, la sœur aînée de Rachel, Mazaltov (Fortunée), qui a fait ses études dans un lycée anglophone de Constantinople, assiste les forces armées américaines à Paris entre 1945 et 1949. Gérard, quant à lui, sacrifie ses études au profit d'une carrière commerciale qui lui permet de soutenir les finances familiales.
Aucun membre de la fratrie n'ayant eu d'enfants, c'est à Sara Yontan Musnik, sa petite-nièce, que Rachel lègue ce fonds d'archives à sa disparition en 1999. En 2018, Sara Yontan Musnik décide d'en faire don au musée, en complément de plusieurs objets entrés dans les collections.
Ce fonds familial présente une variété de documents en différentes langues (judéo-espagnol, turc, français) tels que des actes d'état civil, des dossiers de demande de naturalisation, des diplômes, des correspondances professionnelles, mais aussi un dossier relatif à la déportation des deux aînés, ou encore une importante correspondance familiale et des photographies.
Thèmes :
- Parcours de migration d'une famille juive originaire de Constantinople, au début du XXe siècle.
- Processus d'assimilation d'une grande fratrie, ascension sociale de certains de ses membres.
- Trajectoire d'une femme (Rachel Abeni) tiraillée entre ses profondes attaches familiales et son désir d'émancipation personnelle.