Sophie Calle L’Erouv de Jérusalem, 1996
L’interdiction de travailler pendant le shabbat inclut celle de porter un objet hors de chez soi.
Toutefois, un village, une ville, entourés d’un mur d’enceinte avec des portes, sont considérés comme des domaines privés et la ville devenant domicile, il est possible de transporter des objets de chez soi à la rue, de la rue à chez soi... Aujourd’hui peu de cités sont entourées de remparts, mais il est accepté que telles des dérogations à la Loi, soient construits des erouvim, fils ou cordes entourant un périmètre qui devient un espace privé.
Sophie Calle a demandé à des habitants de Jérusalem, israéliens et palestiniens, de l’emmener dans un lieu public ayant, à leurs yeux, un caractère privé.
« Selon la Loi juive, pendant le shabbat, le repos absolu est obligatoire. L’interdiction de travailler inclut celle de porter un quelconque objet (des clés, un sac...) hors de chez soi. Toutefois, si l’on se réfère à la Torah, une ville, un village entourés d’un mur d’enceinte, avec des portes, sont considérés comme des domaines privés, et l’on peut transporter des objets de chez soi à la rue, de la rue à chez soi...
Mais, à notre époque, peu de cités modernes sont entourées de remparts et, par conséquent, chacun devrait contenir ses activités dans sa maison, s’il n’était aujourd’hui accepté que, telles des dérogations à la Loi, des erouvim ne soient construits. Ils consistent en des fils (ou cordes) formant un mur imaginaire. Dans la plupart des cas, ces “frontières” sont créées en érigeant des poteaux et en les connectant ensemble par l’intermédiaire de filins en acier galvanisé. Alors, le périmètre entouré par l’erouv devient un espace privé et il est permis d’y transporter des objets durant le shabbat.selon la Torah, dans toute ville entourée d’un erouv, le domaine public peut être considéré comme un territoire privé.
Les stations. J’ai demandé à des habitants de Jérusalem, israéliens et palestiniens, de m’emmener dans un lieu public ayant à leurs yeux un caractère privé. »
Sophie Calle, 1996
Sophie Calle est née en 1953 à Paris. La frontière virtuelle que constitue l’erouv a trouvé une résonance particulière dans son œuvre qui explore les limites entre privé et public.