Affiche de l'exposition Robert Combas Dans les tuyaux : hommage à Maryan
Robert Combas s'inscrit dans des filiations, travaille dans des compagnonnages. Il capte, collectionne, convoque, réunit. Il a semblé évident de l'associer à Maryan qui peut apparaître comme un précurseur de la Figuration Libre.
Robert Combas n'avait pas connu Maryan, mais chose rare, il connaissait son œuvre, et aussi cette extraordinaire ménagerie humaine, de 1961, en noir et blanc, dont il possédait un exemplaire. Il a accepté de se prêter au jeu d'une rencontre. Un texte a signé son accord. Un texte où il est question de musique, de peinture, de sucres d'orges, de serpentins, et de tuyaux :
« MARYAN. La musique de la peinture. Une musique BLUES européenne éraillée d’harmonie et de voix qui braillent. Maryan, frère de fête et de souffrance en couleurs et noir & blanc.
On me demande de parler de Maryan. Je ne comprends pas, pas intellectuellement, mais simplement dans mon corps dans ma tête. Maryan, il parle avec sa peinture. C’est ça, un peintre.
Quelque part, sa peinture n’est pas une peinture des camps. J’ai rien contre, mais, esthétiquement, Maryan ne peint pas des êtres décharnés. Lui, il est avide de couleurs, d’énergie colorée, de sexe (sûrement), il peint des êtres symbolisés par des bâtons colorés ressemblants à des sucres d’orge, à des serpentins ou à des phallus.
Tout ça sent la souffrance évidemment, mais il essaie par la peinture de la maîtriser. Il paraît qu’il adorait Rembrandt, ça le regardait. Moi, je le vois comme très proche de l’Art brutal, mais pas que ça. En tout cas, il a à dire des choses, à les crier, sans qu’on l’ait entendu beaucoup ! Presque complètement marginalisé, Maryan !
Encore un sur lequel l’époque s’est trompée.
Et puis il y a ces grands dessins au fusain, sur feuille blanche, plus épurés, avec souvent ce sourire que j’ai trouvé une fois à Lascaux dans le petit sourire des animaux, ou dans les personnages de Chagall.
Un type balèze des pinceaux, Maryan ! Il fait des tuyaux et moi aussi parfois... Et puis, je ne peux m’empêcher de lui trouver des couleurs pop, mais seulement des couleurs, et un petit peu de look 60.
Chez Maryan, ça gicle, ça postillonne, ça bave et ça liquéfie. Ça tuyaute et ça trompette. J’entends chez Maryan une musique à voix éraillée, j’entends la musique de la peinture de Maryan. »
Robert Combas, juin 2013
Le Mahj publie à cette occasion, en coédition avec les éditions Lienart, un cahier d’œuvres de Robert Combas.