Paul Celan, d'Antschel à Celan
À l'occasion du centenaire de Paul Celan (1920-1970), retour sur la vie et l'œuvre de ce « poète juif de langue allemande ».
Avec la participation de Bertrand Badiou, unité de recherche Paul Celan de l’ENS ; Eric Celan, fils de Paul Celan ; Danielle Cohen-Levinas, philosophe, Sorbonne Université ; Clément Fradin, équipe Paul Celan de l’Item (Cnrs-ENS)
Rencontre animée par Ariane Singer.
« Plus grand poète français de langue allemande », selon la formule de Claude David, Paul Celan fut d'abord Paul Pessach Antschel, juif de nationalité roumaine, né en 1920 à Czernowitz, capitale de la Bucovine, dans l'actuelle Ukraine.
Interné dans un camp de travail roumain, il échappe aux rafles et à la déportation de la population juive de Czernowitz, qui causent la mort de ses parents, assassinés tous deux dans les camps d’extermination de Transnistrie au cours de l'hiver 1942-1943. Après la libération de Czernowitz par l’Armée rouge en 1944, il gagne Bucarest où il adopte le pseudonyme de Celan, anagramme d'Ancel, la graphie roumaine de son patronyme. Devant le durcissement du régime et la mise au pas stalinienne du pays, il fuit la Roumanie en décembre 1947 pour gagner Vienne, puis Paris, où il arrive la veille du 14 juillet 1948, et où il résidera jusqu’à sa mort en 1970.
Réfugié, apatride, Celan acquiert la nationalité française en 1955, après son mariage avec l’artiste Gisèle de Lestrange, mais sa langue d’expression en poésie demeurera toujours l’allemand, « la douce et douloureuse rime allemande », dont l’amour lui a été transmis par sa mère, avant de devenir celle de ses meurtriers.
Il est l’auteur de dix recueils de poèmes (dont trois furent publiés après sa mort), parmi lesquels Le Sable des urnes (Vienne, 1948), Pavot et mémoire (1952), De seuil en seuil (1955), La Rose de personne (1963), et Renverse du souffle (1967).
En 1960, il reçoit le prix Büchner, la plus prestigieuse distinction littéraire allemande.
Dix ans plus tard, dans la nuit du 19 au 20 avril 1970, Paul Celan met fin à ses jours.