Le Marchand de Venise, chef-d'œuvre embarrassant
Conférence de Philippe Zard, professeur de littérature comparée, université Paris Nanterre
En écho à son ouvrage De Shylock à Cinoc. Essai sur les judaïsmes apocryphes (Classiques Garnier, 2018)
Le Marchand de Venise de William Shakespeare est à certains égards une pièce monstrueuse. Les uns ne veulent y voir qu’un monument d’antisémitisme, d’autres jurent leurs grands dieux qu’elle serait plutôt une défense des juifs. Mais que dit-on lorsqu’on affirme que Le Marchand de Venise est une œuvre antijuive, et que nie-t-on lorsqu’on le conteste ?
Pour le comprendre, il faut pénétrer en profondeur la complexité de l’œuvre, examiner le terreau intellectuel (littéraire, religieux, politique) sur lequel elle est née et considérer ce que les mises en scène, au fil de l’histoire, ont pu en faire, en révéler, ou en masquer. Que dit de nous cette obligation où nous sommes de reconnaître la pièce comme un chef-d’œuvre embarrassant ? Et surtout : a-t-elle encore quelque chose à nous dire aujourd’hui ?
Images additionnelles : David Sarfati