Juifs en France face au nazisme. L'avant-guerre puis la persécution
En présence de Jérémy Guedj, auteur de l'ouvrage Les Juifs français et le nazisme (PUF), et de Johanna Lehr, auteure de Au nom de la loi. La persécution quotidienne des Juifs à Paris sous l’Occupation (Gallimard)
Rencontres animées par Jonathan Hayoun
Les Juifs français et le nazisme, de Jérémy Guedj (PUF)
Les Juifs français vécurent l’avènement du nazisme comme une nouvelle affaire Dreyfus. Leur conception de l’Europe et de leur propre condition en fut bouleversée, même si, dans les années 1930, la France passait encore pour un puissant rempart. Une image tenace les présente comme incrédules et passifs face à Hitler, parce qu’ils auraient refusé de voir et d’agir, du moins comme l’aurait exigé l’histoire qui s’écrivait sous leurs yeux. Mais que pouvaient-ils en réalité comprendre ? Pouvaient-ils prévoir l’inédit ? Quels moyens d’action s’offraient à eux pour contrer les funestes promesses et réalisations de celui qui tenait désormais l’Allemagne sous sa coupe ? Cet ouvrage se propose de saisir ces questions, sans partir de la fin mais en replongeant au contraire dans l’univers de Juifs français dont les certitudes et le monde paraissaient suspendus à un avenir inquiétant. Il leur fallait vivre malgré l’histoire dont ils espéraient qu’elle finirait par se renverser.
Au nom de la loi. La persécution quotidienne des Juifs à Paris sous l’Occupation, de Johanna Lehr (Gallimard)
C’est dans Paris et sa banlieue, point névralgique de leur persécution, que furent rafl és près de 29 000 Juifs pendant l’Occupation. Si elle s’est imposée dans la mémoire collective comme le symbole de la répression antijuive, la rafle du Vél’ d’Hiv a éclipsé une autre forme de violence, plus discrète et quotidienne, qui s’est abattue sur des milliers de Juifs dans la capitale et a abouti à leur déportation : les arrestations individuelles.
C’est alors « au nom de la loi », du règlement ou de l’ordonnance qu’on arrêtait chaque jour ces Juifs à Paris pendant la Seconde Guerre mondiale.
Dans son enquête, Johanna Lehr identifie des lieux de la capitale qui, du 1ᵉʳ au 20ᵉ arrondissement et jusqu’à Drancy, en petite couronne, dessinent la géographie de cette persécution. Grâce à des archives inédites, elle dévoile le rôle d’administrations françaises restées invisibles : le Palais de justice, les prisons, la préfecture de Police, les hôpitaux, les gares... autant d’institutions qui, obéissant à un fonctionnement ordinaire dans un moment extraordinaire, ont pris une part active au processus de destruction des Juifs de France.