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Fonds Sonia Steinsapir

Ce fonds d'archives retrace le parcours de Sonia Steinsapir (1912-1980), femme artiste juive russe qui a vécu à Paris à partir de 1936. 

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Illustration du fonds Sonia Steinsapir

Sonia Steinsapir est née à Moscou en 1912. Elle est la fille unique de David Chteinsapir (mort en 1918) et Rachel Meerson (1891-1933), tous deux cousins germains. La famille vit au gré des affectations de David Chteinsapir, médecin. Mobilisé pendant la Première guerre mondiale, celui-ci meurt de ses blessures en 1918, à Yalta. Quelques années plus tard Rachel Meerson décide de quitter la Russie et part donc s’installer avec sa fille à Berlin, où elle rejoint l’un de ses proches parents. Toutes deux vivent alors très modestement, la mère Sonia travaille comme enseignante de français et d’anglais et Sonia intègre un lycée allemand. Elle réalise alors ses premières œuvres, des décors peut-être pour le théâtre.

Elle s’inscrit ensuite à l’École des Beaux-Arts de Berlin, avant de retourner à Moscou où sa mère la rejoint bientôt. Sonia travaille alors dans une maison d’édition puis une agence de publicité. Malade, sa mère décède en 1933 à Moscou, laissant Sonia orpheline très jeune. Celle-ci quitte de nouveau Moscou pour s’installer à Paris, où elle retrouve son oncle, Lazare Meerson. Elle arrive en 1936 et s’inscrit dès l’année suivante aux cours des Beaux-Arts de Paris. Son oncle Lazare Meerson, célèbre décorateur de cinéma proche de René Clair, et son épouse Mary Meerson, l’introduisent dans les milieux artistiques parisiens.

Néanmoins, sa première demande de naturalisation, soutenue par le cinéaste René Clair, est refusée en 1939 et l'artiste est menacée d'expulsion. L’Occupation et les lois antijuives interrompent brutalement ses études. Le 11 juillet 1941, alors qu’elle tente de passer clandestinement en zone libre, elle est arrêtée puis internée au camp de Beaudésert, à Mérignac, près de Bordeaux. C’est là, durant l'été, qu’elle dessine ses compagnons dans un carnet. Elle laisse un témoignage unique de l'internement des « indésirables » de l'époque, communistes, antifascistes, étrangers, suspects, vagabonds et prostituées, ainsi que des juifs et des personnes dites alors Nomades, qui pouvaient être Rom, Gitans ou Sinté.

En octobre 1941, elle est transférée au camp de Poitiers, d'où elle s’évade le 30 décembre, puis rejoint Paris en janvier 1942. Elle passe alors dans la clandestinité, se cache chez Gabrielle Buffet-Picabia, au Foyer international des étudiantes et reçoit l'aide de groupes clandestins de secours à la population juive, comme le comité Amelot. De faux papiers l’aident à circuler dans la capitale et lui permettent d’accéder à une presse lithographique, avec laquelle elle exécute en 1942 une série d’œuvres sur l'internement.

À la Libération, Sonia Steinsapir reprend ses études aux Beaux-Arts. Sans famille et sans ressources, elle travaille comme illustratrice jeunesse, puis comme dessinatrice textile et enfin comme bibliothécaire. Parallèlement, elle expose brièvement avec le Groupement des artistes juifs de France, puis au salon des Indépendants, au Salon de la Société nationale des Beaux-Arts au Palais de Tokyo et au salon des Artistes français. De 1963 à 1972 elle travaille au Musée National des Arts et Traditions populaires comme documentaliste, puis à la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris de 1973 à 1975.

Sonia Steinsapir meurt en 1980, à l’âge de 68 ans, laissant derrière elle un témoignage saisissant sur les camps d’internement en France. Redécouverte à l’occasion des recherches d’Ilsen About, chercheur au CNRS, spécialiste de l’histoire des Rom, ses œuvres sont aujourd’hui conservées au mahJ, au MuCem (Marseille) et dans des collections privées.

Thèmes:

- une femme artiste juive au vingtième siècle

- la représentation des camps d'internement de la Seconde Guerre mondiale

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bibliotheque@mahj.org