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Disparition de Régine Robin

La grande historienne, sociologue et linguiste Régine Robin est décédée le 3 février 2021 à Montréal. Elle laisse une œuvre à part, aussi abondante que protéiforme et inclassable. 

En 2006, le mahJ avait eu l’honneur d’accueillir, au sein du cycle « Kafka dans les villes », la grande historienne, sociologue et linguiste Régine Robin, qui vient de disparaître, le 3 février 2021, à Montréal où elle était installée depuis 1977. On peut retrouver ici sa conférence sur les langues de Kafka, captée par Akadem.

Son livre sur Franz Kafka n’est qu’un aspect parmi bien d’autres d’une œuvre aussi abondante que protéiforme et inclassable, entre sociologie, linguistique, histoire et littérature. Formée à l’Ecole normale supérieure et agrégée d’histoire, ses premiers travaux portent sur la Révolution française puis sur les rapports entre histoire et linguistique, avant de s’orienter vers la sociologie de la littérature et, enfin, vers l’exploration d’un parcours biographique marqué par son appartenance à plusieurs cultures et un rapport familial à la migration.

Ayant adhéré à vingt ans au Parti communiste français, elle développe une approche originale de l’héritage soviétique (Le Cheval blanc de Lénine en 1979, Le Réalisme socialiste : une esthétique impossible en 1987). Dans Berlin, Chantiers (2001) et dans La mémoire saturée (2003), elle explore les mémoires individuelles et collectives au prisme du nazisme et du stalinisme.

Sa connaissance de la culture juive d’Europe orientale et du yiddish, auxquels elle avait consacré un essai en 1984 – L’amour du yiddish. Écriture juive et sentiment de la langue 1830-1930 –, lui permet de porter un regard personnel sur la crise des identités dans un monde caractérisé par les déplacements de populations (La Québécoite, 1983). Dans cet itinéraire intellectuel, la judéité est un fil rouge qui n’a cessé de nourrir sa compréhension des autres et des enjeux du temps présent.

Elle était née Rivka Ajzersztejn à Paris en 1939, de parents juifs polonais.

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