Disparition de Batia Baum
Batia Baum, enseignante et traductrice de la littérature yiddish est décédée le 24 juin 2023. Grâce à ses traductions et à son enseignement, elle joua un rôle crucial dans la promotion sa langue maternelle.
Née en 1941, Batia Baum a été cachée pendant la guerre, d’abord avec sa mère, résistante, puis dans une famille d’accueil. Très tôt, elle comprend que parler le yiddish, langue de sa mère, constitue un danger, mais représente en même temps ce qu’elle appelle une « langue de contact ». Après la guerre, elle est placée dans une maison d’enfants, où elle est imprégnée de l’éducation yiddish laïque. Ce n’est que plus tard qu’elle reprendra l’apprentissage de cette langue et en fera son instrument de travail.
Grâce à Batia Baum, des œuvres de très nombreux auteurs (Mendele Moykher Sforim, Yitskhok Leybush Peretz, Peretz Markish) et poètes (Avrom Sutzkever, Miriam Ulinover) sont passées dans la langue française. Elle a aussi traduit plusieurs témoignages de première main sur la Shoah : Archives clandestines du ghetto de Varsovie (Fayard/BDIC, 2007), Écrits I et II : témoignage d’un Sonderkommando d’Auschwitz, de Zalmen Gradowski (Kimé, 2013) et Entre les murs du ghetto de Wilno le journal de Yitskhok Rudashevski (L’Antilope, 2016).
Son talent, son exigence, sa créativité en matière de traduction ont été récompensés par de nombreux prix : deux fois distinguée par la Société des Gens de Lettres – prix de traduction Halpérine-Kaminsky découverte (1996) et Grand Prix de la Société des Gens de Lettres (2017) –, ainsi que / elle a également reçu les prix Korman, Cukierman et Leon Skop-Féla Rosenbaum décernés pour son action en faveur du rayonnement de la culture yiddish. Elle a également été une enseignante exceptionnelle au centre Medem Arbeter Ring et à la Maison de la Culture Yiddish, où elle a transmis sa passion de la langue et de la traduction à plusieurs générations.