Frédérique O’Connell, Portrait de Rachel, Paris, vers 1853
Portrait de Rachel
Frédérique O’Connell (Potsdam, 1823 – Paris, 1885)
Paris, vers 1853
Huile sur toile, 88 x 66 cm
Tragédienne française, issue d’une famille de colporteurs juifs alsaciens et lorrains, Rachel est emblématique de la génération née après l’Émancipation, pleinement intégrée à la vie culturelle française du milieu du XIXe siècle. Née Élisabeth Rachel Félix en 1821, cette enfant prodige qui fut la première « star » avant Sarah Bernhardt, arrive à Paris avec ses parents, passionnés de théâtre, après une enfance pauvre et errante entre la Suisse et Lyon, où elle mendie pour survivre. Douée pour la scène, elle est l’élève de l’artiste Alexandre Choron, puis des acteurs Saint-Aulaire et Samson. Engagée au Théâtre-Français à l’âge de dix-sept ans, elle débute dans Horace de Corneille, faisant ensuite revivre toutes les grandes héroïnes tragiques.
Fascinante, elle suscite la passion et alimente l’imagination des foules. Sa liaison avec le comte Walewski, fils illégitime de Napoléon Ier, fait d’elle la mère d’Alexandre Walewski, l’unique petit-fils de l’empereur. Elle disparaît à l’âge de trente-sept ans, après avoir été adulée par les écrivains Alfred de Musset et Théophile Gautier, autant que par les peintres qui ont multiplié ses portraits. Incarnant pour les tenants des Lumières la fin heureuse de l’éducation et de l’apprentissage, elle restera cependant, comme nombre d’israélites, en butte au rejet des milieux conservateurs et antisémites.