Moshe ben Nahman, dit Nahmanide (1194-1270), Hiddoushei ha-Torah, Lisbonne, 1489
Hiddoushei ha-Torah (Commentaires nouveaux sur la Torah)
Moshe ben Nahman, dit Nahmanide (1194-1270)
Lisbonne, 1489
Livre imprimé en hébreu sur papier vergé, annotations manuscrites à l'encre. Couverture en bois et en cuir marron estampé, deux fermoirs métalliques, 32,8 x 24 x 8,5 cm
Don d’Inna Nahmias, en mémoire d'Élie Nahmias
Médecin, philosophe, exégète de la Bible et du Talmud, kabbaliste et poète liturgique, Moshe ben Nahman (Bonastruc ça Porta en catalan), originaire de Gérone en Catalogne, fut l’une des plus grandes autorités rabbiniques en Espagne au XIIIe siècle, et l’un des principaux décisionnaires de l’époque médiévale. À ce titre, il fut convoqué à la disputation de Barcelone en 1263, organisée par les dominicains contre le Talmud, où sa défense fut jugée blasphématoire par l’Église, le contraignant peu après à l’exil. Son commentaire de la Torah fut peut-être rédigé en Espagne avant son départ pour Jérusalem en 1267.
Publié en 1489 par Eliezer Toledano, avec l’aide du rabbin David Ibn Yahya, cet incunable – nom donné aux rares livres imprimés avant 1500 – est le premier titre paru à Lisbonne avec la nouvelle technique des caractères mobiles, et l’un des plus anciens au Portugal – toutes langues confondues – après une Torah éditée à Fano en 1489. Si les éditions en hébreu précèdent dans le royaume celles en portugais ou en latin, elles sont brusquement interrompues en 1497 par la conversion forcée de tous les juifs présents dans le royaume et les débuts d’un nouvel exil.
La première page présente un encadrement, à décor de rinceaux habités de créatures animales, initialement gravé par l'orfèvre Alfonso Fernandez da Cordoba de Valence, un juif converti au christianisme. A la suite de son association avec l’imprimeur Salomon ben Maïmon Zalmati, la plaque est employée à Hijar en Espagne sur une Bible en hébreu éditée entre 1486 et 1489. Elle est ensuite détenue par Eliezer Toledano à Lisbonne, qui l'utilise pour cet ouvrage. Elle suit ce dernier à Constantinople où elle est abondamment reprise par les frères David et Samuel ibn Nahmias – les fondateur de l'imprimerie hébraïque de la ville en 1500 –, où elle apparaît pour la dernière fois, très usée, dans le "sefer Leshon Limmoudim" en 1506. Ce type de remploi d'éléments décoratifs ou de caractères typographiques, au gré des pérégrinations des hommes, est fréquent dans l'histoire de l'imprimerie hébraïque. En revanche, il est rare que l'on connaisse ainsi l'identité des auteurs des plaques.