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Vue de la synagogue ashkénaze et de la synagogue portugaise à Amsterdam

BERCKHEYDE, Gerrit Adriaenszoon ( 1638 - 1698 )
Amsterdam, Pays-Bas,
1682
Inv.
D.2015.02.001
ancien inv.
M.P. Lav. 1894-2
Peinture
Dimensions :
H. 58,5 - L. 73,1 - Ep. 0,5 cm (panneau) / H. 74,3 - L. 89,6 - Ep. 6 cm (cadre)
Huile sur toile marouflée sur bois
Dépôt du Musée de Picardie

Pour toute demande de reproduction veuillez contacter la photothèque.

Historique
Connu pour ses paysages urbains, Gerrit Adriaenszoon Berckheyde peignit plusieurs tableaux montrant des vues d’Amsterdam et de ses bâtiments les plus admirés. Les lieux juifs d’Amsterdam, les synagogues et le cimetière d’Ouderkerk attirèrent très tôt les voyageurs et les curieux. Il existe deux autres versions de ce tableau. L’artiste les réalisa peu de temps après l’achèvement et l’inauguration de ces deux bâtiments. La synagogue ashkénaze fut inaugurée en 1671 et la synagogue séfarade - dite « portugaise » - en 1675. À Amsterdam comme à Venise, les différentes communautés juives se montrèrent soucieuses de préserver leur culture et leur langue, et construisirent dans un voisinage proche des synagogues de rites différents.

A la fin du XVIe siècle, les "conversos" originaires de la péninsule Ibérique, persécutés par l'Inquisition qui les soupçonne de persister clandestinement dans l'observance du rite juif, trouvent refuge dans les Provinces-Unies protestantes, et en particulier à Amsterdam. Catholiques sincères ou juifs demeurés fidèles à la foi de leurs ancêtres, ils sont désignés comme "marranes" en Espagne et au Portugal après les expulsions de 1492 et 1496. Souvent ignorants de leur propre culture, ils doivent réapprendre la langue hébraïque, les rites, les prières et les fondements de la Loi juive. Ils vont chercher leurs rabbins dans des foyers juifs du pourtour méditerranéen et sont particulièrement influencés par le judaïsme italien, qui compte de nombreux exilés en Espagne. La "reconstruction" de leur judaïsme passe par la constitution d'une organisation communautaire, par la création d'un cimetière, de synagogues et de confréries charitables, et par la publication de livres de prières, de bibles et de codes de lois rabbiniques. Soucieux de préserver la tolérance dont ils jouissent dans la métropole batave et conscients des dangers que représente le détour par le catholicisme, rabbins et moralistes codifient les règles de la nouvelle orthodoxie afin d'écarter les fauteurs de désordre. Les exilés ont conservé des réseaux familiaux qui favorisent leurs activités commerciales et financières. Portés par le développement du commerce avec les Indes orientales et avec les Amériques, ils atteignent des positions éminentes dans les secteurs du sucre, du tabac, des bois exotiques et des pierres précieuses. Par sa vitalité religieuse, intellectuelle, artistique et sa prospérité économique, la communauté "portugaise" d'Amsterdam acquiert une autorité et un prestige révérés dans l'ensemble du monde juif.
Description
À Amsterdam, de chaque côté d'un canal sur lequel enjambe un pont, à gauche la synagogue ashkénaze, à droite la synagogue portugaise. À l'arrière-plan, la ville d'Amsterdam; au premier plan une berge avec un arbre, deux moutons et des troncs d'arbres. Sur le canal, deux embarcations, dont une avec un drapeau en poupe
Bibliographie
Laurence Sigal, Alexis Merle du Bourg, Rembrandt et la nouvelle Jérusalem, Paris, mahJ, 2007, cat. 34 (oeuvre très proche du même auteur)
Publication
- "Musée d’art t d’histoire du Judaïsme", Connaissance des Arts, hors-série, 2016, 66 p. (p.29)
- "Art et histoire du Judaïsme, un abécédaire", Paris, coédition mahJ/Flammarion, 2018, 254 p. (p.18-19)