Rabbin de Boukhara en étude

Avec Abel Pann et Zeev Raban, Ephraïm-Moses Lilien est un des meilleurs représentants de l’école Bezalel, l’école des beaux-arts fondée à Jérusalem en 1906 par les premiers sionistes autour de Theodor Herzl. Représentant le « sionisme culturel », l’Ecole s’attacha à la création d’un style national juif, opérant une synthèse entre traditions européenne et moyen-orientales, entre sujets juifs, et souvent bibliques, et style orientalisant. Apparenté à l’art nouveau et au Jugendstyle, l’école privilégiait les arts décoratifs, avec la volonté de puiser dans les ressources locales (motifs végétaux…) pour créer un style authentique et nouveau. Lilien, qui participa avec Boris Shatz à la fondation de l’école, s’est plutôt spécialisé dans l’illustration d’ouvrages, et l’illustration biblique en particulier (Lieder des Ghetto [Chants du ghetto], Berlin, 1903 ; Der Bucher der Bibel, Braunschweig, 1908).
Lilien a aussi beaucoup pratiqué la photographie. S’il est l’auteur du fameux portrait de Theodor Herzl sur le balcon de l’hôtel des Trois Rois de Bâle, lors du congrès sioniste de 1901, il a réalisé aussi de nombreux portraits en Palestine, comme l’a révélé l’exposition « E.M. Lilien, Painting with Light » (Tel Aviv Museum of Art, 1991). L’exposition permit de montrer comment les très nombreux portraits, gravures et paysages de Palestine réalisés par l’artiste trouvent leur source dans les photographies qu’il a prises dans la région.
Cette eau-forte évoque les représentations de prêtres samaritains de photographies contemporaines. L’intérêt de Lilien pour les juifs orientaux, qu’ils soient samaritains, yéménites ou ouzbèkes, est caractéristique de l’école Bezalel, et de l’idée d’une nouvelle identité juive enracinée en Orient.