Chers Amis du mahJ, Au centre de la photographie, que vous découvrez à l’instant, se tient Hersh Fenster (1892-1964), écrivain et journaliste libertaire, activiste de la culture yiddish, originaire de Galicie et installé à Paris en 1922. Le 3 avril 1939, Fenster célèbre Pessah, la Pâque juive, au Foyer amical (Dos yidishe vinkl), une association d’aide aux réfugiés fuyant le nazisme, qu’il vient de fonder à Paris, 41, rue Richer. Lors de ce seder (repas rituel), Fenster, sa fille Vivienne sur les genoux, est entouré de son épouse Léa, du critique d’art Chil Aronson, de l’acteur Maurice Schwartz, de l’artiste Jacob Maçznik et de proches.
L’atmosphère chaleureuse, qui émane de ce cliché, sera brutalement interrompue quelques mois plus tard par la guerre. Après un internement en zone Sud, Fenster parviendra à passer en Suisse à l’été 1943. Dès son retour à Paris en octobre 1945, il conçoit le projet d’honorer la mémoire des artistes de la scène artistique parisienne déportés ou morts durant la Seconde Guerre mondiale. En 1951, au terme d’enquêtes minutieuses, il publie en yiddish Undzere farpaynikte kinstler (Nos artistes martyrs). Ouvrage pionnier dans l’historiographie de la destruction, ce témoignage retrace la trajectoire de 84 artistes de la première École de Paris venant d’Europe centrale et orientale, pour la plupart aujourd’hui oubliés – hormis Chaïm Soutine et Otto Freundlich –, car leur œuvre a été interrompue et parfois détruite. Tiré à quelque 300 exemplaires à compte d’auteur, Nos artistes martyrs n’était jusqu’ici accessible qu’aux trop rares historiens de l’art yiddishophones. C’est cet ouvrage majeur et la personnalité de son auteur que le mahJ mettra en lumière à partir du 15 mai dans l’exposition « Hersh Fenster et le shtetl perdu de Montparnasse » qui accompagne la traduction française publiée par le mahJ et les éditions Hazan, avec le concours de la Maison de la culture yiddish – bibliothèque Medem. Nous profitons du clin d’œil à la fête de Pessah, débutant dans quelques jours, illustrée par la photographie de Fenster entouré de ses proches, pour vous rappeler la rencontre en direct sur Facebook « La Haggada aux quatre visages » lundi 22 mars à 19h. L’artiste Gérard Garouste et le rabbin Rivon Krygier évoqueront le récit de la sortie d’Égypte, texte majeur de la tradition juive. Fidèlement, L’équipe du mahJ |