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Souvenir de tirage au sort (conscription) d'I. Levy de Lunéville

Lunéville, France,
1874
Inv.
2021.15.002
Dessin
Souvenir de conscription
Dimensions :
H. 64 - L. 32 cm
Encre et aquarelle sur papier
mahJ

Pour toute demande de reproduction veuillez contacter la photothèque.

Justification de la date
Date inscrite
Historique
Instauré par la Révolution française autour de la notion de soldat-citoyen, le service militaire obligatoire est régularisé en 1798 par la Loi Jourdan qui met en place une conscription universelle et obligatoire de tous les hommes français âgés de 20 à 25 ans. A partir de 1818, seule une partie de chaque classe d’âge effectue un service actif, après tirage au sort. Ce dernier est organisé au chef-lieu de canton, après convocation le même jour de l’ensemble des jeunes gens de vingt et un ans. Si Les plus riches peuvent s’acheter un remplaçant, cette disposition est au départ interdite aux juifs par les décrets dits « infâmes » édictés par Napoléon le 17 mars 1808 pour dix ans à la demande des députés alsaciens, le passage par l’armée étant supposé les « régénérer », selon la terminologie de l’époque.
Au 19e siècle, la conscription s’accompagne dans toutes les régions françaises d’un long rituel d’intégration pour les jeunes gens de la classe d’âge concernée. Outre le tirage au sort et le passage en conseil de révision, les « conscrits » organisent durant l‘année de nombreux moments festifs – défilés costumés, chants, bals et banquets – qui sont autant d’occasion d’affirmer de manière tapageuse leur patriotisme et leur virilité. Véritable rite de passage vers l’âge adulte, considéré comme un prélude au mariage, la conscription donne lieu en Alsace, à la réalisation de tableaux-souvenirs reproduisant le numéro tiré, qui viendront orner le futur foyer du jeune-homme.

Daté de 1874, ce souvenir de conscription présente un décor martial et patriotique : drapeau tricolore portant l’inscription « République française », cocarde agrémentée d’une Marianne et canons pavoisés de part et d’autre du numéro tiré.
Participant au tirage au sort de Lunéville, le jeune homme, un certain I. Levy, est d’origine alsacienne car son nom est encadré des inscriptions « Oberbronn » et « Alsace ». Il s’agit donc sans doute d’un « optant » ayant choisi de conserver la nationalité française après 1871 en s’installant de l’autre côté de la frontière, comme 25 % des juifs des trois départements annexés par l’Allemagne. Située en Meurthe-et-Moselle, entre Nancy et Strasbourg, Lunéville est une petite ville dont la communauté juive, remontant au 18e siècle, connaît en effet une nette croissance à la suite de l’annexion. S’il ne présente aucun caractère juif, ce souvenir de conscription témoigne de cette situation particulière et du très fort patriotisme des juifs de France, le premier pays à leur avoir accordé la citoyenneté.
Description
Grand feuillet cartonné avec inscriptions en français et décor d'inspiration militaire composé de drapeaux tricolores et de futs de canons.
Langue
Français
Inscriptions
1874/ République Française/ Tirage au sort de Lunéville/ 2 mars/ Meurthe-et-Moselle/ 102/ Classe de 1853/ Oberbronn/ I. Levy/ Alsace
Bibliographie
Alexandre Tourscher, « Bons pour la fête : les rituels de conscription en Alsace », Revue d’Alsace, n° 141, 2015, p. 363-377