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Lettre d'Adolphe Crémieux à Mahir Charleville

CREMIEUX, Adolphe
Paris, France,
1839.08.04
Inv.
2006.16.001
Document d'archives
Lettre
Dimensions :
H. 20,7 - L. 27 cm
Ecriture manuscrite à l'encre sur papier, tampons humides.
mahJ,
don de M. et Mme Bonn

Pour toute demande de reproduction veuillez contacter la photothèque.

Justification de la date
Cachet de "La Maison du Roi"
Historique
Réponse de Crémieux à la demande de Mahir Charleville, alors élève à l'école rabbinique de Metz, pour sa nomination au poste de rabbin d'Alger. Transcription de la lettre par le donateur dans le dossier d'œuvre.
Mahir Charleville (1814-1888) né à Metz, formé à l'école talmudique et à l'école rabbinique de Metz, il fait sa carrière à Lyon, Dijon, Paris puis en Algérie au moment de la naturalisation des Juifs d'Algérie par le décret Crémieux en 1870 et enfin à Versailles.
Description
Lettre manuscrite sur trois pages d'une feuille bleutée A4 pliée. La dernière page porte l'adresse et le tampon d'acheminement
Signature
Ad Crémieux
Marques
Tampon de la maison du Roi
Langue
français
Inscriptions
Mon cher enfant,

Je désire vivement faire pour vous ce que vous me demandez. Mon projet même était d'aller voir demain M. le Ministre des cultes ; j'aurais profité de la liberté du Dimanche pour aller causer avec lui ; mais la condamnation de Barbès a excité parmi un certain nombre de jeunes gens quelque exaltation ; les ministres sont d’ailleurs fort occupés des suites à donner à l’arrêt de la Cour dans Paris, je remettrai ma visite à un jour plus opportun.
Alger n’est malheureusement pas sous la domination du Ministre des cultes mêmes pour les cultes ; il est dans les attributions du Ministre de la Guerre : je n’ai pas à la Guerre les mêmes éléments de succès qu’à la justice. Pourtant je vais m’entendre avec M. Max Cerfbeer qui est chef du cabinet particulier : son aide et le concours du Ministre de la justice et des Cultes que j’espère obtenir, nous sera fort utile. Je passerai vers la fin de la semaine prochaine vous dire peut-être quelque chose à cet égard. Au reste, dans la dernière visite que nous fîmes, en Consistoire, à M. le Ministre de la justice et des Cultes, nous parlâmes beaucoup d’Alger qu’il croit avoir bientôt sous sa juridiction pour ce qui concerne les cultes et la justice. Il n’y avait alors encore rien d’arrêté, sauf la nomination et l’envoi d’un Evêque ; pour les autres cultes, on n’avait pris aucune résolution et je ne crois pas qu’on en prenne avant la fin de la cession des Chambres. Si je ne vous écris pas, c’est que j’attendrai quelque chose de nouveau. Nous faisons nos efforts pour apurer, autant, qu’il dépend de nous, le sort des élèves de l’Ecole. Notre nouveau règlement y pourvoit. Dans la séance de Mardi, le Consistoire a ordonné qu’un exemplaire de ce règlement serait distribué à ceux de ses membres qui n’étaient pas de la Commission [pour] que dans la plus prochaine réunion, ils feraient part de leurs observations.

3 août
Cette lettre a été commencée le 12 juillet ; le soir même un faux pas que je fis me brisa le tendon d’Achille et je viens d’être retenu au lit ou cloué sur mon canapé pendant trois semaines. Depuis trois jours seulement, j’ai repris mes audiences en me faisant porter au Palais et en plaidant enfin. Il me sera impossible d’ici au quinze de ce mois, au moins, d’aller faire une visite à qui que ce soit. Je veux pourtant que ma lettre vous parvienne, et, en attendant que je puisse agir, aujourd’hui même je vais écrire à M. Max Cerfbeer.
Soyez sûr que je ne négligerai rien pour arriver au but de vos désirs. J’écrirai un de ces jours à Monsieur le directeur de l’Ecole et donnerai le prix au meilleur discours sur le texte : Religion et patrie.
Recevez l’expression de mon sincère dévouement ».

A. Crémieux