Le « complot judéo-protestant » (France, fin XIXe-début XXe siècle
par Jean Baubérot
Les « théories complotistes » ne constituent en rien un phénomène nouveau dans l’univers des représentations sociales. Ainsi, la dénonciation d’un « complot judéo-protestant » permet de délégitimer la Troisième République, surtout à partir du « Ralliement » de 1892. Actualisant des stéréotypes séculaires, ses promoteurs veulent instaurer la « République des honnêtes gens » contre des minorités censées désagréger le lien social, « défranciser » le pays. Dans cette optique, « l’affaire Dreyfus » devient la preuve éclatante de la réalité d’un tel complot. Au-delà de son aspect factuel, l’étude de ce dossier incite à une réflexion sur la condition minoritaire en France.
Bibliographie
- Baubérot J., « Antisémitisme et antiprotestantisme de la république des républicains à l'affaire Dreyfus », Paris, Archives juives, n° 49/1, 1er semestre 2016
- Baubérot, J., Zuber, V., Une haine oubliée. L’antiprotestantisme avant le « pacte laïque » (1870-1905), Paris, Albin Michel, 2000
- Birnbaum, P., « La France aux Français ». Histoire des nationalistes, Paris, Seuil, 1993
- Birnbaum, P. (dir.), La France de l’affaire Dreyfus, Paris, Gallimard, 1994
- Leroy-Beaulieu, A., Les Doctrines de haine : l’antisémitisme, l’antiprotestantisme, l’anticléricalisme, Paris, Calmann-Lévy, 1902
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